Appel solennel de médecins pour protéger les enfants du porno

Des professionnels appellent à mieux protéger les jeunes de la pornographie à laquelle ils sont exposés de plus en plus jeunes
Des professionnels appellent à mieux protéger les jeunes de la pornographie à laquelle ils sont exposés de plus en plus jeunes © GABRIEL BOUYS / AFP
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avec AFP , modifié à
Le Collège national des gynécologues et obstétriciens français appelle vendredi le gouvernement à mieux appliquer la loi sur la protection des mineurs notamment concernant la pornographie à laquelle ils sont largement exposés.

Des médecins ont lancé vendredi un "appel solennel" aux pouvoirs publics pour la protection des enfants et des ados contre une pornographie à laquelle ils sont exposés de plus en plus jeunes, parfois contre leur gré.

Une meilleure protection des mineurs. Ce cri d'alarme des professionnels de santé a été émis par le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (Cngof). Ils demandent que la loi sur la protection des mineurs soit fermement appliquée, que des campagnes d'information et de sensibilisation destinées aux enfants, aux ados et aux parents soient régulièrement faites, et que l'information sur la sexualité soit généralisée et renforcée en milieu scolaire.

Pénaliser les sites de diffusion. Le Pr Israël Nisand, président du Collège, aimerait "frapper au porte-monnaie" les diffuseurs. Il propose de rendre obligatoire de donner des coordonnées de carte bancaire pour accéder aux sites X, et d'imposer de lourdes amendes à ceux qui ne s'y plieraient pas. Aujourd'hui, pour accéder aux sites X gratuits, un simple clic sur une case "J'ai 18 ans ou plus" suffit généralement.

Des jeunes consommateurs. Un jeune de 14 à 24 ans sur cinq (21%) dit regarder de la pornographie au moins une fois par semaine (15% chez les 14-17 ans), 9% une fois par jour et 5% plusieurs fois par jour, selon une enquête Ipsos réalisée pour le Fonds actions addictions et deux fondations (pour l'innovation politique et Gabriel-Péri).

"Cela a des conséquences sur le développement des jeunes les plus vulnérables et les moins structurés psychologiquement", avec un "rapport peu adapté à la sexualité" et une "addiction", estimait le président du Fonds actions addictions, le Dr Michel Reynaud, à l'occasion de la parution de cette enquête le 8 juin.

 

Les parents sous-estiment fortement la fréquence de cette consommation. Selon cette enquête, ils ne sont que 7% à penser que leurs enfants regardent du porno une fois par semaine, alors que ceux-ci sont trois fois plus nombreux à le dire.

Des images imposées. Les spécialistes, comme le Dr Serge Hefez, psychiatre à l'hôpital Pitié-Salpêtrière à Paris qui se joint à cet appel, estiment que la plupart des adolescents ont déjà vu des images pornographiques avant leurs 14 ans. Mais visionner des images pornographiques n'est pas toujours voulu. Plus de 50% des 15-17 ans disaient être déjà tombés dessus sans l'avoir cherché, dans un sondage Ifop de mars 2017.